L’avantage injuste d’être appelé “Roi”

J’ai revu la vidéo trois fois. Une passe du milieu, un dégagement du défenseur, et là : la tête de Messi effleure le ballon juste assez pour le faire entrer dans les filets. Aucune technique. Aucun spectacle. Juste… coup. Et pourtant, Twitter a explosé comme si c’était le Game 7 des Finales.

Dans mon tableau Excel sur les « Réactions émotionnelles vs Mérite technique », ce moment figure parmi les pics les plus illogiques que j’aie jamais vus.

Quand l’effort ne compte plus — seule compte sa présence

Les gens ne célèbrent pas un but. Ils célèbrent Messi. Pas son adresse, pas sa vision, pas même ses statistiques — bien qu’elles soient hallucinantes. C’est une question d’identité.

Il ne joue pas seulement au football : il incarne ce que le football signifie pour des millions : grâce sous pression, longévité contre l’adversité, domination silencieuse dans le chaos.

Je me souviens de l’avoir vu à Paris en novembre 2021 — aucun but, aucune passe décisive — mais les supporters hurlaient son nom comme s’il venait de remporter la Coupe du monde.

Le chant du « Celui qui a tout fait »

Soit clair : on n’est plus dans la méritocratie. On est dans une mythologie à grande échelle.

Il a tout gagné — six fois La Liga, deux fois la Ligue des champions (avec deux clubs), huit Ballons d’Or (oui, huit), et l’an dernier ? Il a enfin soulevé ce trophée doré après des décennies de près-misses.

Ensuite, MLS — la ligue où les clubs se ferment comme des sachets en papier — et pourtant il mène Inter Miami à deux titres tout en étant obligé de porter des lunettes de soleil à l’intérieur en plein hiver.

Oui, il a joué avec une blessure sans fanfare et terminé deuxième pour passes décisives par match parmi les non-attaquants.

Mais voici ce que aucun algorithme ne peut calculer : combien il est plus facile de croire en quelqu’un quand il continue à gagner — non pas parce qu’il est parfait, mais parce qu’il ne cesse jamais d’essayer.